Ghislain : Comment peut on être philosophe ( celui qui aime le Savoir) et avoir une religion, c'est a dire accepter de ne pas (pouvoir?) Savoir? N'y a t-il pas là une sorte de contradiction?
1. Il n'y a pas de véritable contradiction entre "désirer" (aimer, rechercher) le savoir et "accepter ne pas pouvoir savoir". Au fond, nous pouvons désirer l'impossible, même si cela est vain.
2. "Avoir une religion" ne se réduit pas à "accepter de ne pas pouvoir savoir", mais implique en effet un acte de foi (croyance) assumé comme tel. Cet acte de foi n'est pas nécessairement une violence faite à la raison, car la foi peut aussi satisfaire la raison, et même au delà de ses espérances.
3. Le philosophe en effet cherche la vérité, non seulement dans l'ordre de la science, mais aussi dans l'ordre de la justice.Créateur le culte qui lui est dû.
4. Pour un philosophe chrétien, la foi ne remplace pas la raison mais l'élève en lui offrant une lumière supérieure qui n'abolit pas celle de la raison.
C'est ce qu'explique ici Jean-Paul II dans Foi et Raison :
« La foi ne craint donc pas la raison, mais elle la recherche et elle s'y fie. De même que la grâce suppose la nature et la porte à son accomplissement, ainsi la foi suppose et perfectionne la raison. Cette dernière, éclairée par la foi, est libérée des fragilités et des limites qui proviennent de la désobéissance du péché, et elle trouve la force nécessaire pour s'élever jusqu'à la connaissance du mystère de Dieu Un et Trine. Tout en soulignant avec force le caractère surnaturel de la foi, le Docteur Angélique n'a pas oublié la valeur de sa rationalité; il a su au contraire creuser plus profondément et préciser le sens de cette rationalité. En effet, la foi est en quelque sorte « un exercice de la pensée »; la raison de l'homme n'est ni anéantie ni humiliée lorsqu'elle donne son assentiment au contenu de la foi; celui-ci est toujours atteint par un choix libre et conscient. »